La parcelle qui accueille le projet est située à Saint-Martin-Les-Boulogne, le long de la route nationale 42 et de la desserte du centre commercial Auchan. Le site d’installation du centre funéraire est marqué par les infrastructures routières les zones commerciales et d’activité, mais aussi par un lambeau de paysage bocager et les traces d’un passé rural encore proche. La topographie y est également assez présente. Dans ce paysage distendu, tiraillé entre la banale modernité des entrées de ville dédiées au passage des flux et au commerce et la nostalgie des références campagnardes, l’implantation d’un équipement singulier associé à un événement irrémédiable et douloureux implique une prise de position forte dans le site, qui impose au contexte l’exception, le calme, le temps suspendu et le silence associés aux grandes ruptures. Nous avons conçu ce projet comme un monde à part entière dans lequel on rentre de façon solennelle face à un parterre très sobre et pur dans sa géométrie qui exprime de suite la nature du lieu : recueillement et solennité seront les deux idées principales déclinées pour la conception de cet équipement. Pour cela nous avons utilisé la morphologie particulière du terrain, la topographie et la longueur, pour implanter et répartir les fonctions dans un ensemble cohérent qui s’inscrit de façon claire dans le site. L’accompagnement végétal en éloigne les limites ; il filtre et repousse la présence des bâtiments d’activité et en premier lieu des nuisances sonores possibles de la part du chenil.

Nous avons reconfiguré l’accroche de la parcelle sur le rond-point en constituant un tertre planté qui annonce et protège l’équipement.

Le bâtiment, en partie enserré dans ce relief grâce à l’utilisation des déblais, surplombe la route et s’ouvre sur le paysage bocager préservé et sur le jardin du souvenir. L’eau qui symbolise l’idée du passage traverse le bâtiment et rejoint les bassins du jardin en contrebas par un petit canal.
Le jardin du souvenir est lové dans le creux que propose le site. Sur trois de ses côtés, la pente est en partie tenue par des murs de soutènement qui accueillent une rampe d’accès au nord, un colombarium à l’est et un mur d’eau à l’ouest. La pente de la partie sud est légèrement remodelée pour permettre l’installation d’un cheminement praticable par tous. Elle est généreusement plantée, afin de constituer un horizon qualifié.
Le projet est conçu comme une entité totalement introvertie, niché entre deux grandes parois très fermées qui permettent l’isolement visuel mais aussi acoustique vis-à-vis de l’environnement. Une volumétrie sobre et rigoureuse, affichant la solennité des lieux accueille le public. L’utilisation unique de 2 matières : le béton matricé blanc et le verre pour tout le projet renforce cette notion. L’élégance et la sobriété du béton matricé blanc viennent accompagner la pureté et la rigueur des lignes dans un cadre paysagé construit autour d’une ligne d’eau. Cette ligne reprend la notion de rivage, et trace sur la parcelle une ligne entre deux rives imaginaires symbolisant le passage entre le monde des vivants et le monde des morts. Elle prend naissance dans le bâtiment, par une succession de patios et aboutit dans un bassin au cœur du projet paysagé permettant le recueillement et la méditation.
L’ambiance générale recherchée est faite de calme et d’apaisement soulignée par une luminosité toujours présente. Le patio a été utilisé comme lieu de recueillement et d’apaisement dans le rôle d’accompagnement que cet équipement doit prendre en charge avec le personnel. Il ponctue les différentes fonctions et apporte la lumière naturelle au cœur du bâtiment.